La Grande Sauterelle aimait les Petits Crapauds.
Elle venait souvent les côtoyer autour de l'étang, près des nénuphars, elle savait comment les accoster. Les braves bêtes, du jour où ils avaient découvert que cette Miss Dinguette les adorait, ne se firent pas prier. Ils tentaient de la charmer encore plus fortement en mettant leurs plus beaux atours, ils se faisaient si charmants, si séduisants à des lieux de leur laide réalité. Pourquoi aimait-elle la laideur, elle si élégante, si belle dans sa carapace vert des bois ?
Les crapauds espéraient être tous ses amants, transis, ils se mourraient d'amour sur leurs feuilles de nénuphar quand l'affectueuse sauterelle s'occupait d'un autre prétendant. Tous tentaient de l'abaisser à se donner, elle qui ne donnait que des baisers, avec l'espoir qu'un jour l'un de ces crapauds deviendrait son prince. Dans cette petite nature trop verte, le pêcheur de perches et de truites ne voyait rien, absolument rien, il entendait. Comment imaginer un croisement entre sauterelles et crapauds ?
La nature et ses charmes secrets ne permettent à personne de l'observer complètement, difficile d'y connaître lucidement toutes ses profondeurs, les bruits des fôrets et des bois sont les seuls charmes que nous pouvons nous partager.
La sauterelle aimait les beaux discours, elle vibrait aux moindres paroles d'amour que les crapauds, tous spécialistes de l'oral, faisaient entendre à la verte donzelle. Elle se languissait de leurs ébats oratoires, mais c'est qu'ils savaient causer les laids ! Parfois elle se sentait si petite face à ces grands bavards.
Pour la bagatelle, ils étaient plutôt fainéants, ils devenaient muets, n'ayant que la théorie sans la pratique. Mais elle ne s'en souciait guère tant qu'elle avait la tête qui lui tournait à leurs splendides proses. Parfois quelques uns agrémentaient leurs récitations de légères poésies, ils s'essayaient à taquiner la muse, ils adoraient amuser la taquine. Les crapauds devaient lui vider tout leur sac, en abondance.
L'été, chaque soir, la romance débutait pour aller crescendo. Les chants d'amour de tous ces crapauds augmentaient au fur et à mesure qu'avançait la chaude nuit d'été. Le pêcheur, qui habitait non loin de l'étang, ne pouvait pas bien dormir, il y avait la chaleur et les choeurs de l'armée verte.
La sérénade des cigales, si douce et berçante, avait laissé place à de grosses lamentations bruyantes et diffuses. Le pêcheur avait les boules ... les boules QUILÈS.
Les ténors faisaient la ronde autour de la fillette insecte. L'opéra durait ainsi des heures. Ils la captivaient par leurs brillants gosiers qu'elle en pâmait, se croyant arrivée au septième ciel.
Toute la nuit à chanter ça vous fatigue la bête, les crapauds, dès que le matin se pointait à l'horizon, s'endormaient, las de leurs musiques. La sauterelle réalisait qu'elle venait encore une fois de les exploiter, elle rougissait.
La Grande Sauterelle cherchait l'amour parlé des laids comme d'autres recherchent l'amour parfait d'effets.
Bonjour Philippe j'avais sauté cet article comme la sauterelle d'ailleurs. au fait j'ai vu la parade de Nancy hier à la télé sur M6 superbe et grandiose sur grand écran .Bon samedi
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